Commémoration du centenaire 1914-1918

Commémoration du centenaire 1914-1918

Nota: Le diaporama complet se trouve en fin de page

 

Déroulement de la cérémonie

 

Discours de Monsieur le Maire, Gérard Trocmez

Bonjour à tous, bienvenue à Germigny,

Le maître mot de cet après midi est « théâtre» et vous en serez les spectateurs.

Le décor du théâtre ne sera pas de Roger Harth mais vous l’avez tout autour de vous ; c’est le décor du théâtre des opérations de guerre correspondant à l’offensive de l’armée allemande de cette fin du mois de mai 1918 et à son retrait  en août de la même année.

La mise en scène n’est pas de Donald Cardwell mais d’une petite équipe de bénévoles que j’aimerai saluer et remercier dès à présent. Qu’il soit du Conseil Municipal ou pas, Ils sont toujours la, disponible, pleins d’idées positives, volontaires. Qu’il s’appelle Michèle, Hélène, les deux Christian, Olivier, Patrick, Bernard, Anne Sophie, Annie, Patrice, Hervé, Marie, Jean-Yves, Pierrot, Daniel, Gérard et tous les autres ; avec vous rien d’impossible.

J’aimerai également remercier de leur présence nos élus et représentants locaux :

Mme Aina Kuric député de notre circonscription

Mme Catherine Vautrin Présidente de la Communauté Urbaine du Grand Reims

Mme Cécile Conreau  Conseillère départementale et maire de Janvry

M Philippe Salmon Conseiller Départemental et maire de Crugny

M Pierre Lhotte  Conseiller délégué au territoire du Grand Reims et maire de Branscourt

Mme et M les maires

Mme et M les élus.

Chers spectateurs que vous êtes maintenant devenus, nous sommes dans le cimetière créé après guerre et devant 3 tombes de soldat morts pour la France originaire de Germigny. Le cimetière historique a lui été détruit tout comme une grande partie du village. Notre position actuelle nous permet de contempler le Massif de St Thierry et plusieurs villages avec, de la droite vers la gauche, Reims étant complètement sur la droite : St Thierry, Merfy, Maco, Chalons sur Vesle, Chenay et Trigny, on devine ensuite derrière la rangée d’arbre Muizon et Rosnay.

Derrière vous, La cote 240, où se trouve actuellement la tour de Vrigny. Elle est située à environ 1,5km derrière la coopérative. Elle était l’un des objectifs majeurs de l’offensive allemande pour essayer d’attaquer Reims par l’ouest.

Vous allez maintenant pouvoir vous projeter 100 ans en arrière et imaginer ce qui c’est passé lors de cette douloureuse période. Il y a exactement 100 ans jour pour jour, le front se trouvait à environ 15km sur une ligne Brimont – Chemin des Dames.

La suite va vous êtes racontée par Anne Sophie d’après un texte écrit par Jean Claude Carnoye notre historien. Jean Claude Carnoye n’est malheureusement pas parmi nous aujourd’hui et je prie Mme Carnoye de lui transmettre toute notre amitié, notre sympathie et notre reconnaissance notamment pour le travaille de recherche et d’écriture qu’il nous transmet

Texte lu le 26 mai 2018 par Anne Sophie Saisdubreuil sur le site du cimetière lors de la cérémonie du Centenaire de la destruction de Germigny lors des combats de fin mai 1918

SITUATION DES VILLAGES DE JANVRY, GERMIGNY, ROSNAY, MUIZON, VRIGNY PENDANT LA GUERRE 1914 -1918

Pendant 4 ans, des villages comme Gueux Germigny Janvry Thillois seront des villages de l’arrière du front, lui-même situé à environ 15 km, allant du nord de Bétheny au Chemin des Dames. Bien souvent des régiments y viennent au repos. A Germigny, les soldats peuvent aussi, à partir de la montagne, avoir un point de vue sur Reims et la ligne de front au loin. Quand c’est possible, ils y soignent les chevaux sinon ils les enterrent dans la fosse des carnes située à la sortie du village en montant la montagne.

L’artillerie sur voie ferrée est dissimulée dans les bois des Boyers entre Rosnay et Muizon, les bois de la Garenne de Gueux sont aussi occupés par l’artillerie à longue distance.

L’aviation avait installé dès 1914 un camp à Muizon puis à Rosnay sur le plateau de la ferme du Moulin à Vent. C’est aussi entre Muizon et Jonchery que s’est déroulé le premier combat aérien de la guerre, le 5 Octobre 1914.

Le Capitaine Jobit, dans ses carnets, a rapporté de façon précise le combat entre le « Voisin V89″ de Frantz, le pilote et Quenault, le mitrailleur avec l' »Aviatik 281 ». Les deux aviateurs allemands moururent carbonisés.

Le terrain d’aviation de Rosnay a vu passer de nombreuses escadrilles de chasse avec les pilotes aux noms célèbres mais aussi des escadrilles de bombardement ou de missions spéciales. Le premier bombardement de nuit français est parti de Rosnay vers la gare de Laon dans la nuit du 1er au 2 Juillet 1916 -quatre avions

« Voisin » sous le commandement du Capitaine Thèbault ont lâché chacun : 5 obus sur les installations ferroviaires.

LA PRÉPARATION DE L’ATTAQUE ALLEMANDE DU 27 MAI 1918

Du 25 avril au 26 mai Ludendorff prépare activement l’offensive :

-l’infanterie est minutieusement entraînée

-l’armement est augmenté (5 voire 6 mitrailleuses par compagnie, grenade à fusil de modèle nouveau, fusil contre les tanks).

-la nourriture est améliorée en quantité et qualité

-la discipline est raffermie

-les précautions les plus méticuleuses sont prises pour dissimuler les mouvements et les concentrations de troupes (secret des itinéraires, des stationnements et des unités voisines). L’aviation française n’a pratiquement rien vu.

LA PRÉPARATION ALLEMANDE DANS LE SECTEUR DE REIMS

Le groupement Brimont est commandé par le Général Ilse. Son rôle est de s’emparer du Massif de Saint Thierry, de déborder Reims par l’Ouest et d’atteindre une ligne allant de Reims à Ormes pour cela 5 divisions attaquerons notre secteur. Ces divisions connaissent le terrain.

Chaque division comporte en plus des sections d’assaut, des compagnies lance-flammes, un détachement mitrailleur et des compagnies cyclistes (pour les liaisons). Chaque régiment dispose d’une batterie d’accompagnement pour lutter contre les défenses locales.

Les directives allemandes montrent que tout est prévu avec une précision remarquable, par exemple, les dépôts de munitions préalables sont camouflés en plein champ mais on a labouré autour pour effacer toutes traces avec interdiction d’y accéder de jour comme de nuit avant l’arrivée des pièces au dernier moment.

Entre Courcy et Leuilly on dénombre à peu près 1 500 batteries, en moyenne 30 batteries au kilomètre, la plus forte proportion enregistrée depuis le début de la guerre.

LE DISPOSITIF FRANÇAIS LE 26 MAI soit il y a exactement 100 ans.

Le front passe au Nord de Loivre, au Nord de Courcy, au Nord de Bétheny, au Linguet, au Nord de la Pompelle.

-La IVème Armée tient le front de Champagne Reims inclus (Général Gouraud)

-La VIème Armée (Duchêne) tient un front de 90 km de Reims à l’Oise avec le Chemin des Dames dégarni, secteur calme.

Les liaisons sont difficiles et vulnérables. Duchêne d’autre part, couvert par Franchet d’Esperey, a refusé d’appliquer la tactique Pétain qui sera exécutée efficacement par Gouraud sur le front de Champagne un peu plus tard.

Il existe des « trous énormes » sur ce front ; c’est là que les Allemands vont porter leur premier effort rendu plus facile par la situation.

Le 26 mai la Vème Armée (Micheler) est dans l’Ouest, elle ne sera reformée sur Reims que le 29 mai.

Reims est tenu par le 1er corps d’Armée Colonial.

LA COTE 240 (tour de Vrigny), MAI, JUIN, JUILLET 1918

La cote 240 culmine à l’ouest de Reims au dessus des communes de Vrigny, Gueux, Janvry-Germigny, Méry-Prémecy.

Ce sommet domine au nord la vallée de la Vesle entre Reims et Jonchery, à l’est la plaine de Reims, à l’ouest le plateau de Janvry, Germigny, Rosnay, au sud-ouest une partie de la vallée de l’Ardre.

Sur ce point stratégique un fort devait y être construit dans les années 1880 (plans Serré de Rivière), le projet a été définitivement abandonné en 1888. Seulement 7 des 11 forts prévus furent construit.

De la cote 211 au dessus de Janvry, on peut voir presque tous les forts de la ceinture de Reims. Sur trois faces, la « Cote 240 » a été l’objet de combats sanglants causant la perte d’innombrables vies françaises, « coloniales », italiennes, anglaises et allemandes. La prise de cette position aurait permis de prendre Reims, par l’arrière, ville trop bien défendue pour être attaquée de front.

C’est en cette fin mai 1918 que Germigny fut pilonné à partir de Bligny par l’artillerie française, les allemands s’abritent derrière le village sur le versant de la montagne comme en témoigne les vestiges de tranchées. Germigny est détruit à 88%. Heureusement, les habitants de la commune avaient été évacués à Faux Freynet dans le sud de la marne et à Vallière dans l’aube.

Le 29 mai

A 16 heures, six compagnies sont alertées et envoyées sur le plateau de Méry qu’elles doivent tenir solidement face à l’Ouest ; l’ennemi est arrivé au pied du plateau vers Germigny et Janvry.

Le 30 mai

Vers 8 heures, une forte attaque allemande débouche de la ferme de Rosnay, sur la droite du 3ème bataillon ; elle est rapidement arrêtée et soumise à des feux croisés de mitrailleuses. Vers 9 heures, la lutte reprend de plus belle ; les Allemands arrivent en formations serrées. Par Germigny, ils gagnent la bordure du plateau de Méry ; le mouvement s’effectue lentement et en bon ordre, grâce à l’intervention énergique du 11ème bataillon qui prononce une vigoureuse contre-attaque.

Vers 10h30, commence un nouveau repli sur la ligne 240 – lisière Nord et Ouest du bois de Sainte-Euphraise ; Cette ligne est occupée solidement et la situation est stationnaire jusqu’au lendemain matin.

Le 31 mai

Les positions sont soumises à un violent bombardement.

Vers 8 heures, une infiltration ennemie se produit vers la ferme de Méry, mais l’intervention de notre artillerie et des mitrailleuses enraie ce mouvement.

Vers 12 heures, l’ennemi renouvelle sa tentative, mais sans plus de succès. Une troisième attaque échoue dans l’après-midi.

Le 31 mai à partir de 8 heures, le village de Vrigny est attaqué par 3 régiments après une violente préparation d’artillerie. L’attaque est perturbée par l’artillerie française, située vers Les Mesneux et Bézannes, guidée par l’aviation. Le 74ème R.I. pénètre dans le village mais doit se retirer sous l’effet des bombardements. A 14 heures 30 une manoeuvre d’encerclement complet échoue, comme l’attaque de la Cote 240 par l’ouest.

1 juin : à 9 heures l’infanterie attaque le village de Vrigny après un violent bombardement, à 12 heures l’attaque est repoussée par les Tirailleurs Algériens. Le 364ème R.I. a également échoué en attaquant à partir de Gueux.

A 20 heures l’attaque est renouvelée « succès manqué pour les deux divisions sur le village », « la Cote 240 a été attaquée par trois fois, avec des pertes énormes occasionnées par les Coloniaux Français ». (doc. allemand)

Le 13 juin:

Violent bombardement de Vrigny occupé par les Sénégalais, « tout homme qui se découvre est « ajusté » par une mitrailleuse, un fusil ou un mortier français », l’attaque de la face ouest, vers 13 heures est repoussée.

Le 16 Juillet : vers 20 heures nouvelle attaque de la face ouest défendue efficacement par les Sénégalais.

Le 23 juillet : puissant feu roulant sur la Cote 240 et les espaces boisés situés à l’arrière

Le 25 juillet : dernière attaque par le nord-ouest repoussée.

 

L’ORGANISATION DE L’ARRIERE comprend de nombreuses communes de notre secteur /

Trois Puits

-Champfleury

-Montbré, à l’Ouest vers Gueux

-Janvry Germigny

-Rosnay et au Sud vers Vrigny

-Coulommes

-Pargny

-Jouy.

Les Allemands en fait n’attaquent pratiquement pas Reims de front, mais essayent de contourner la ville par la Pompelle, la Vallée de l’Ardre ou Gueux. Ils connaissaient vraisemblablement les lignes enchevêtrées de réseaux de fils de fer barbelés, de nids de mitrailleuses, de chevaux de frise à travers lesquels il était impossible de passer sans subir des pertes effroyables.

« L’ingéniosité du plan de défense va créer un véritable réduit de défense au coeur même de la ville en ruines. Ce ne sera pas une forteresse de Vauban mais une véritable forteresse souterraine ».

C’est la raison pour laquelle, le général Petit, couvert par Micheler, refusera d’appliquer les ordres de Franchet d’Esperey, général commandant le Groupe d’Armées du Nord (G.A.N.), qui voulait évacuer la ville, les 29 et 30 mai; alors que les Allemands menacent dangereusement Reims par le sud. (Micheler et Franchet d’Esperey seront sanctionnés le 11 Juin par Clémenceau, Petit est passé dans les oubliettes de l’histoire.)

 

LA LIBERATION DE LA VALLEE DE L’ARDRE ET LA REPRISE DU MASSIF DE SAINT THIERRY

La contre-attaque a été amorcée dès le 18 Juillet 1918, c’est ce jour là qu’une inversion s’est produite dans le déroulement de la bataille, les Allemands n’avanceront plus. Les combats sont très meurtriers.

Les cimetières de Marfaux, de Bligny pour les Français et les Allemands, de Bligny, aussi, pour les Italiens et les six cimetières anglais cités précédemment témoignent des pertes subies.

Bouilly et Courmas sont libérés les 20 et 21 juillet. Le front est resté une semaine entre les deux parties du village de Ste Euphraise et Clairizet. Germigny a été libéré le 2 aout. La dernière poche allemande au sud de la Vesle, à l’ouest de Muizon sera occupée le 4 août.

Le 31 juillet les Britanniques sont, à leur tour, relevés par les Français. A titre d’exemple, la 51ème D.I.W. a perdu en 11 jours 173 officiers et 3690 hommes dont beaucoup de jeunes nouvellement incorporés, les tombes en témoignent aussi : 18 ans, 19ans, 20 ans …..

Le front s’est stabilisé ensuite le long de la Vesle jusqu’au 30 septembre. La rivière sera franchie, ce jour-là, à l’ouest de Jonchery dans des conditions particulières, les hommes étant debout dans la rivière portant des échelles à bout de bras, pour faire passer les unités, dont un bataillon sénégalais

Le Maire

Merci Anne Sophie pour cette évocation

La parole est donné aux officiels

A présent, Jeanne va nous citer le nom des morts pour la France de cette guerre, ceux habitants Germigny et ceux morts pour la France sur le territoire de notre village le 30 mai 1918 et tous issus du 65ème régiment d’infanterie.

En hommage à tous ces combattants et au nom du conseil municipal, nous allons déposer une gerbe au pied des trois tombes de nos morts pour la France.

Une minute de silence est observée avant l’interprétation de l’hymne national

Nous allons maintenant rejoindre la mairie école par un parcours déambulatoire où vous pourrez découvrir tranquillement des photos de Germigny avant pendant et après la guerre et agrémenté de textes écrits par des soldats de passage sur notre territoire.

C’est Sultane, une jument comtoise dirigée par Claire, qui nous tracera la route. Sultane est attelée à la pompe à bras des pompiers de Germigny.

En passant devant le Monument aux morts,  Nous déposerons une gerbe de fleurs en l’honneur de tous les morts pour la France sur tous les théâtres d’opération de guerre.

Arrivée dans la cour de l’école, vous découvrirez un théâtre à ciel ouvert libre d’accès, qui rappellera modestement cette période douloureuse.

Il vous est aussi proposé sous un barnum, une exposition des photos de cette époque prise par Lucien Loth photographe et ancien habitant de Germigny. Elles ont été rassemblées par sa petite fille Michèle Henh.

Un vin d’honneur clôturera cette célébration.

Merci de votre attention.

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